Besoin d’investir plus dans le tourisme vert en appui à la gestion durable des forêts tropicales

27 septembre 2023

Des visiteurs admirent le paysage fluvial dans un parc national au Sarawak, en Malaisie. Photo: W. Cluny

27 septembre 2023: En cette Journée mondiale du tourisme, la Directrice exécutive de l’OIBT, Sheam Satkuru, a appelé à ce que l’on investisse davantage dans l’écotourisme en forêt tropicale, un moyen pour les populations locales d’accroître leurs revenus et de soutenir ainsi la conservation ainsi que la gestion et l’utilisation durable des forêts tropicales.

La Journée mondiale du tourisme est célébrée chaque année le 27 septembre depuis 1980. Son but est de sensibiliser le monde au rôle du tourisme et à la manière dont celui-ci a une incidence sur les valeurs sociales, culturelles, politiques et économiques à travers le globe. L’édition de cette année met en exergue la nécessité d’avoir des investissements mieux ciblés qui soient en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les Objectifs de développement durable.

S’exprimant à cette occasion, Mme Satkuru a observé que les forêts tropicales offrent une extraordinaire diversité du vivant, des cultures fascinantes et des paysages extraordinaires, ce qui en fait des destinations très attractives pour le tourisme.

«L’OIBT sait que les forêts tropicales sont des lieux remarquables à voir et qu’elles offrent un potentiel et des atouts énormes pour l’écotourisme», a-t-elle ajouté. «Mais, si nous voulons attirer plus de visiteurs tout en maintenant parallèlement ces valeurs des forêts proprement dites qui font tout leur charme, nous avons besoin d’investissements accrus dans les infrastructures et les capacités des ressources humaines.»

Mme Satkuru a remarqué que, pour exploiter tout le potentiel des forêts tropicales comme destinations de l’écotourisme, il faut investir dans trois domaines clés:

1)  Capacités humaines. «Investir dans les communautés locales, les former aux services de l’accueil et de guides, et leur inculquer des connaissances en matière de conservation de la forêt sont autant de mesures vitales», a-t-elle expliqué.

2)  Infrastructures durables. «Il est crucial de construire dans les destinations phares des infrastructures respectueuses de l’environnement pour y attirer les touristes tout en préservant les valeurs naturelles des sites», a expliqué Mme Satkuru. «Nombre de touristes sont en effet de plus en plus soucieux que leur activités puissent avoir des effets délétères, de sorte qu’il est important de réduire au minimum les aspects négatifs pour l’environnement des infrastructures qui sont mises en place à leur intention.»

3)  Entrepreneuriat. «Il est essentiel que les populations locales acceptent le tourisme qui a lieu dans leurs forêts et en bénéficient», a-t-elle dit. «Ce n’est pas seulement le fondement du tourisme durable, cela encourage également la conservation sur le long terme des forêts elles-mêmes. Or, si l’on veut qu’ils développent des activités durables reposant sur l’écotourisme, les entrepreneurs locaux ont besoin de pouvoir accéder plus facilement au financement.»

L’OIBT a apporté son concours à des projets de terrain qui visent à concilier le développement économique par l’écotourisme avec d’autres objectifs, tels que la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, en particulier dans les aires de conservation transfrontière. Au nombre des projets au long cours comportant un volet écotourisme significatif figurent ainsi ceux qui sont mis en œuvre dans le Complexe des forêts protégées du triangle d'émeraude, qui englobe le Cambodge, la République démocratique populaire lao et la Thaïlande; le Parc national de Betung Kerihun en Indonésie et le Sanctuaire de faune de Lanjak Entimau qui le jouxte au Sarawak, en Malaisie; et la région du volcan Tacaná qui chevauche le Mexique et le Guatemala.

Récemment démarré, un projet dans la région du Haut-Baram au Sarawak a pour objet de dynamiser la biodiversité et les moyens d’existence locaux, en privilégiant particulièrement l’écotourisme. Un autre projet de l’OIBT mené en Indonésie s’emploie à permettre d’améliorer la gestion de l’écotourisme dans la Réserve de biosphère de Giam Siak Kecil-Bukit Batu, en Indonésie.

Toutes ces initiatives, ainsi que d’autres, aident à ouvrir la voie à un écotourisme responsable et durable dans les forêts tropicales à travers le globe.

«Le tourisme durable favorise non seulement le voyage responsable, mais il peut aussi jouer un rôle majeur pour conserver les forêts tropicales», a remarqué Mme Satkuru. «Il s’agit de trouver le délicat équilibre entre populations, nature et économies, qui permet de découvrir les extraordinaires merveilles naturelles et culturelles des forêts tropicales tout en aidant à les conserver pour les générations futures. Les investisseurs verts souhaitant allier profit et durabilité ne devraient pas passer à côté.»

ODD connexes

Développer l’écotourisme dans les forêts tropicales, et ses retombées chez les communautés, peut être corrélé aux objectifs de réduction de la pauvreté, notamment ceux qui encouragent l’entrepreneuriat et les petites entreprises et visent à autonomiser les groupes défavorisés, en particulier les jeunes et les femmes.

En procurant directement un emploi aux femmes et en leur permettant de tirer un revenu des activités du tourisme et de l’accueil, développer l’écotourisme dans les forêts tropicales peut contribuer à leur autonomisation.

Le tourisme, qui est l’une des quatre premières sources de recettes d’exportation sur la planète, assure un emploi sur dix à travers le globe. Or, l’écotourisme forestier est en mesure d’offrir des opportunités d’emploi décent, en particulier aux jeunes et aux femmes tandis que les politiques qui favorisent la diversification à travers les chaînes de valeur du tourisme peuvent avoir des retombées favorables au plan socioéconomique.

L’écotourisme forestier dépend d’infrastructures publiques et privées adéquates qui soient durables, innovantes et peu énergivores, qu’il peut d’ailleurs contribuer à promouvoir.

La richesse de leur biodiversité et leur patrimoine naturel et culturel sont les principales raisons pour lesquelles les forêts tropicales peuvent être des destinations écotouristiques prisées. Or, en aidant à financer la gestion durable des forêts et en offrant aux communautés locales des moyens d’existence autres dont elles peuvent tirer des revenus, l’écotourisme peut jouer un rôle majeur dans leur conservation.