Les communautés d'abord: la GCF en exergue lors de l’Initiative nationale menée par le Maroc

8 juillet 2025, Agadir

L’OIBT responsabilise les communautés locales et autochtones pour leur permettre de jouer un rôle dans la gestion durable de leurs ressources forestières. Photo: OIBT

Le premier jour des discussions dans le cadre de l’Initiative nationale menée à l’appui du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) organisée par le Gouvernement du Maroc du 16 au 18 juin dernier, ont été mises en exergue l’importance et l’efficacité grandissantes de la gestion communautaire des forêts dans l’optique de réaliser de multiples objectifs mondiaux en matière de développement durable et d’environnement.   

Outre le fait de présenter l’expérience de l’OIBT en la matière, Mme Jennifer Conje, Directrice de la gestion forestière à l’OIBT, était également chargée d’animer la table ronde sur le thème de la gestion communautaire des forêts (GCF), jouant ainsi un rôle charnière lors de cette rencontre. 

Les panélistes ont partagé les enseignements tirés et exploré le rôle critique que jouent les communautés locales s’agissant de gérer et de protéger leurs écosystèmes forestiers. Dans la remarquable liste de conférenciers figuraient des représentants de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de l’Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO), du Centre de recherche forestière internationale et d’agroforesterie mondiale (CIFOR-ICRAF), du Réseau méditerranéen de forêts modèles (RMFM) ainsi que de nombreux délégués de plusieurs pays, dont le Maroc, le pays hôte, le Botswana, le Chili, la Chine, le Liban, le Mexique, le Népal, le Niger, le Congo, la Tunisie et la Turquie.

Les participants suivent la table ronde sur les Cadres conceptuels et catalyseurs stratégiques pour la gestion communautaire des forêts lors de l’Initiative nationale menée à l’appui du FNUF dirigée qui était organisée au Maroc en juin dernier. Photo: Yan Lang/FNUF

Dans sa présentation, Mme Conje a parlé des travaux que mène l’OIBT aux côtés de communautés en vue de conserver et de restaurer quelques-unes des forêts sacrées du Bénin, ainsi que de son engagement avec l’Association de femmes MALEBI pour restaurer la Réserve forestière d’Ahua en Côte d’Ivoire, un projet qui contribue à leur apporter des solutions plus durables pour leurs besoins en énergie bois et à enrichir leurs moyens d’existence. Elle a par ailleurs présenté d’autres travaux qu’entreprend l’OIBT avec des propriétaires fonciers et entreprises de petite taille en Asie du Sud-Est en vue de favoriser les chaînes de valeur et d’approvisionnement du bois durable, ce dans le but de renforcer les retombées d’ordre social, économique et environnemental au profit des communautés locales. 

«Pour assurer une mise en œuvre efficace et des résultats pérennes, il est important d’avoir au sein de la communauté des défenseurs dévoués de long terme ainsi que les organismes publics compétents», a dit Mme Conje. Elle a insisté sur les rôles importants que jouent ces défenseurs pour organiser la communauté, pérenniser l’action et assurer le soutien budgétaire au sein des budgets nationaux pour veiller à la pérennité des résultats du projet, ce longtemps après que le projet et le financement des donateurs soient arrivés à leur terme.

Plusieurs panélistes ont aussi fait écho à ce besoin de veiller à ce que des incitations et des cadres stratégiques adéquats soient en place pour rémunérer les communautés locales contrepartie de la restauration et conservation des forêts, que cela soit dans le cadre de dispositifs de paiements pour services écosystémiques, le microcrédit, de crédit carbone ou autres mécanismes alternatifs viables. Ils ont enfin examiné comment les politiques propices, les structures de gouvernance inclusive et les approches participatives peuvent permettre d’amplifier une gouvernance efficace ancrée dans les communautés en fonction d’une diversité de contextes régionaux.

Les participants assistent à la séance organisée sur le thème de la gestion communautaire des forêts dans le cadre de l’Initiative nationale menée à l’appui du FNUF organisée au Maroc en juin dernier. Photo: Yan Lang/FNUF

À l’occasion de cette journée ont également été évoqués les défis qu’implique la GCF, tels que les litiges fonciers; l’insécurité du régime foncier; l’accès limité aux marchés et financements; et la menace grandissante que fait peser le changement climatique. Les conférenciers ont insisté sur le fait que, pour surmonter ces obstacles, il fallait des approches intégrées et adaptables ancrées dans les savoirs traditionnels, des démarches visant à systématiquement prendre en compte les aspects sexospécifiques, un partage équitable des avantages, des stratégies d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets et une mobilisation des communautés sur le long terme adossé à de judicieux cadres publics fiscaux et juridiques, ainsi qu’une vulgarisation technique adéquate et un accompagnement de la part des autorités et autres acteurs. Les panélistes du dialogue sur la GCF issus de plus d’une vingtaine de pays ont illustré comment, en dépit des pressions socio-économiques et écologiques grandissantes, ils réussissaient à appliquer et mettre en œuvre à grande échelle la foresterie communautaire.

La participation de l’OIBT à cette Initiative nationale reflète son engagement à promouvoir dans le cadre de son mandat, qui consiste à encourager la gestion des forêts tropicales suivant des pratiques durables et un commerce du bois dans le respect de la légalité, les approches forestières axées sur les communautés. Les éclairages et préconisations qui sont ressortis de cette Initiative nationale alimenteront l’ordre du jour de la 21e session du FNUF en 2026, dans le cadre de laquelle seront examinés les Objectifs forestiers mondiaux 1, 3 et 5.

«En renforçant la coopération internationale et en créant un espace de dialogue et d’action sur la gouvernance inclusive des forêts, des manifestations telles que cette Initiative nationale organisée au Maroc sont vitales pour atteindre les cibles mondiales en matière de durabilité des forêts. À cet égard, l’OIBT continuera à apporter son concours aux efforts qui mettent les populations au cœur des solutions forestières durable», observé la Directrice exécutive de l’OIBT, Mme Sheam Satkuru.