5e Conférence mondiale sur le teck: comment un projet de l’OIBT promeut la production durable de teck
24 septembre 2025, Kochi

Les modérateurs et des conférenciers posent pour une photo de groupe après la manifestation OIBT-BMLEH organisée le 17 septembre dernier en marge de la 5e Conférence mondiale sur le teck. © Institut de recherche forestière du Kerala
Des spécialistes réunis à l’occasion de la 5e Conférence mondiale sur le teck ont examiné comment un projet phare de l'OIBT favorisait la production durable de teck dans les régions tropicales grâce à des innovations allant de l'amélioration génétique au financement des petits producteurs.
Ce projet de l'OIBT portant sur le teck a été au cœur d'une manifestation parallèle organisée le premier jour de la Conférence, qui se tenait du 17 au 20 septembre dernier à Kochi, en Inde. Co-organisée par l'OIBT, la Conférence était accueillie par l’Institut de recherche forestière du Kerala (KFRI) et coordonnée par la branche indienne du Réseau international d’information sur le teck.
Intitulé «Promouvoir la production de bois de qualité dans les petites exploitations et les plantations communautaires de teck et d'autres essences précieuses dans les régions tropicales» et soutenu par le gouvernement allemand, le projet est mis en œuvre depuis 2023 au Cambodge, en Inde, en Indonésie, en Thaïlande, au Togo et au Viet Nam.
Au cours de sa première phase (2019-2022), il s’est agi d’apporter un soutien à la conservation et à la gestion durable des forêts de teck ainsi qu'à la mise en place de chaînes d'approvisionnement en bois légales et durables dans la sous-région du Grand Mékong.
En ouvrant la séance, la Directrice exécutive de l'OIBT, Sheam Satkuru, a déclaré que le soutien à la production de teck de haute qualité était au cœur de la mission de l'OIBT, qui consiste à encourager la gestion durable des forêts et à promouvoir des chaînes d'approvisionnement légales et durables pour les bois tropicaux.

Le teck, l'une des essences de bois dur parmi les plus précieuses au monde, est désormais planté à grande échelle dans plus de 80 pays d'Afrique, d'Asie-Pacifique et d'Amérique latine. Cependant, les petits producteurs et les plantations communautaires demeurent confrontés à des défis que l'OIBT et ses partenaires s'efforcent de relever.
«L’OIBT déploie des efforts pour combler les lacunes et créer les capacités nécessaires pour surmonter ces préoccupations», a déclaré Mme Satkuru.
Poursuivant la séance, Yongyut Trisurat, Coordonnateur régional du projet de l'OIBT, a présenté les résultats déjà obtenus par le projet et les prochaines étapes de sa mise en œuvre, notamment l'amélioration de la disponibilité de plants de haute qualité et l'amélioration des pratiques en matière de sylviculture et de transformation du bois.
Les spécialistes ont ensuite présenté des études de cas et des recommandations provenant de chacun des pays participant au projet et abordé des questions d’ordre général, avant de répondre aux questions du public.
Anto Rimbawanto, consultant auprès de l'OIBT, a ainsi décrit comment, en Indonésie, les petites plantations de teck se sont étendues de Java à d'autres régions du pays pour représenter aujourd'hui environ 40 % de la production nationale. Parmi les recommandations visant à renforcer davantage ce secteur figurent l'attribution d'un titre de propriété légal à un plus grand nombre de petits producteurs; la mise en place d'un programme national de plants de teck; et le renforcement de l’appui à la certification.

Cheat Vichit, également consultant auprès de l'OIBT, a présenté le développement des plantations de teck au Cambodge, et notamment les performances de cette essence dans les parcelles de démonstration situées dans les provinces de Kampong Speu et de Kampong Cham. Au nombre des perspectives d'avenir prometteuses figurent la promotion de l’investissement public-privé et la recherche dans des domaines tels que la génétique.
Décrivant en détail les développements en Inde, R. Yashoda, scientifique en chef à l’Institut de génétique forestière et d’hybridation (IFGTB) rattaché au Conseil indien de la recherche et de l’enseignement forestiers (ICFRE), a déclaré que les matériels de plantation sélectionnés et clonés pouvant être récoltés au terme de seulement 20 à 25 années offraient aux petits producteurs un moyen de maximiser le rendement économique des plantations, qui fonctionnent généralement selon des rotations beaucoup plus longues.
Dang Thinh Trieu, de l'Académie vietnamienne des sciences forestières, a énuméré les quatre axes principaux en vertu desquels le Viet Nam a promu le bois de teck à forte valeur ajoutée et les chaînes d'approvisionnement durables: l'amélioration de la génétique du teck; le perfectionnement des techniques sylvicoles; la formation aux pratiques sylvicoles; et la diffusion des connaissances par la radio, la presse et la télévision.
Somporn Khumchompoo, scientifique en chef au Département royal des forêts de Thaïlande, a présenté l'utilisation des tests clonaux pour sélectionner les arbres-mères destinés à la propagation de plants commerciaux. Les meilleurs spécimens de la première série, qui date de 2000, seront plantés en 2025 avec le concours du projet de l'OIBT.
Enfin, Adzo Dzifa Kokutse, du Laboratoire de recherche forestière de l'Université de Lomé, a présenté les résultats d'une étude visant à évaluer les performances de nouvelles provenances de teck à la station forestière de Zogbépimé, au Togo, où les plantations ont souffert d'une faible productivité et d'une mauvaise qualité du bois en raison d'une variabilité génétique limitée.

Abordant la question de la lutte contre les nuisibles, Wattanachai Tasen, de la Faculté de foresterie de l'Université Kasetsart, a présenté un exposé sur la nécessité de mettre en place des mesures d’action intensives et continues pour lutter efficacement contre le perce-bois du teck (Xyleutes ceramica Walker) dans les plantations en Thaïlande.
Dans la dernière présentation, Temesgen Zana Jaffo, spécialiste de la sylviculture à l'Institut Thünen, a décrit les mécanismes permettant de combler le déficit financier des petits producteurs de teck et d'autres essences à bois précieuses, notamment les prêts garantis par des arbres, les associations d'exploitants forestiers, les programmes de culture sous contrat ou encore les marchés volontaires du carbone. Il a par ailleurs livré une analyse de leurs performances dans les pays participant au projet de l'OIBT.
Pour clore la séance, Mme Satkuru a soulignant que la filière du teck ne pouvait progresser «que si nous mettons en avant la science, les politiques et l'interface pratique», notant que les étapes importantes du projet OIBT-BMLEH en sont un exemple et se montraient prometteuses pour une expansion future.