Second séminaire OIBT-BMEL sur le teck: des semences de qualité produisent un bois de haute valeur

25 avril 2025, Yokohama

Des plantules de teck à la Station de recherche sylvicole de Maegar en Thaïlande. Photo: OIBT

L’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), en partenariat avec le Ministère fédéral allemand de l’alimentation et de l’agriculture (BMEL), a organisé en lien avec le projet OIBT-BMEL intitulé «Promouvoir la production de bois de qualité dans les plantations de teck et autres essences précieuses des petits producteurs et communautés en région tropicale», son second webinaire régional. Tenu le 22 avril dernier, il a réuni des spécialistes forestiers, des chercheurs et des décisionnaires pour explorer le rôle critique que joue un matériel de plantation de qualité dans une production de teck de qualité premium.

Y a été mise en évidence l’importance fondamentale de disposer d’un matériel de plantation de qualité pour développer des teckeraies capables de produire un bois de haute qualité. Les experts ont souligné que le potentiel génétique du matériel de plantation avait un rapport direct avec la croissance de l’arbre, la qualité du bois de cœur de même que la résilience globale d’une plantation. On a également souligné la signification croissante de l’hybridation et de la génomique pour accélérer les gains génétiques et améliorer les caractéristiques du bois afin de répondre à la demande grandissante en bois tropicaux certifiés et récoltés dans le respect de la légalité.

À l’ouverture de la séance, Mme Jennifer Conje, Directrice de la gestion forestière à l’OIBT, a réitéré que le matériel de plantation de qualité constituait le point de départ d’une chaîne d’approvisionnement durable et productive. Elle a pointé que, sans plantules génétiquement supérieures, obtenir une croissance robuste, la formation du bois de cœur et la résilience face au changement climatique restait aléatoire. «Sans semences ou plantules de qualité et sans assurer la survie, une croissance de qualité et la résilience au cours des étapes formatrices d’un teck, il n’est pas possible de passer à l’étape suivante dans la chaîne d’approvisionnement», a expliqué Mme Conje.

Mme Conje a par ailleurs pointé que les petits exploitants producteurs de teck, dont les plantations leur servent souvent d’«épargne sur pied», ont besoin d’avoir un meilleur accès à un matériel de plantation amélioré pour assurer leurs moyens d’existence et une viabilité de long terme.

Là où qualité et constance de l’offre sont assurées dans les teckeraies, on peut tabler sur de réelles majorations de prix. Photo: Ray Keogh/OIBT

Deux présentations liminaires ont jalonné ce webinaire. Mme Yasodha Ramasamy, de l’Institut de génétique forestière et de sélection des arbres (IFGTB) en Inde, a apporté ses éclairages sur les avancées en matière de génomique du teck. Elle a en effet décrit comment le séquençage de l’intégralité du génome et le développement de marqueurs génétiques avaient permis aux chercheurs de diminuer les cycles d’hybridation, d’améliorer la qualité du bois de cœur ainsi que la prédictabilité des caractéristiques du bois grâce à la sélection génomique. En s’appuyant sur des décennies d’essais de provenance, Mme Ramasamy a montré comment il était possible de tirer parti des différences régionales au niveau de la performance de la croissance du teck pour orienter les stratégies de sélection. 

La seconde présentation, délivrée par M. Suwan Tangmitcharoen, du Département royal thaïlandais des forêts (RFD) a dressé un panorama complet des efforts menés pour la conservation et l’hybridation du teck dans la sous-région du grand Mékong. M. Tangmitcharoen a parlé des initiatives pionnières entreprises en Thaïlande en matière de conservation génétique, notamment la création de la Réserve de biosphère de teck d’Hauy Tak. Il a retracé l’évolution en trois phases de l’amélioration du teck en Thaïlande: de l’introduction des essences jusqu’à la sélection clonale en passant par l’intégration de biotechnologies. Ces nouvelles recherches, a-t-il noté, révèlent que, si certains traits du bois de cœur sont difficiles à sélectionner en raison de leur faible héritabilité, d’autres, tels que la hauteur ou l’épaisseur de l’aubier, présentent des indices génétiques forts pour la sélection. Dans sa présentation, il a mis l’accent sur le potentiel qu’offrent les outils génomiques pour améliorer la productivité du teck et a appelé à accroître la coopération régionale dans le partage du germoplasme et les innovations en matière de marketing pour veiller à ce que les petits producteurs bénéficient aussi des améliorations génétiques.

Les participants à l’atelier de 2018 organisé par l’OIBT ont visité une scierie de teck en Inde dans le cadre des efforts en cours pour promouvoir une production de teck en mode durable. Depuis des décennies, l’OIBT apporte son concours à ce secteur dans le cadre d’activités de renforcement des capacités, de travaux de recherche et de la diffusion des meilleures pratiques, ce tout au long de la chaîne de valeur. Photo: OIBT

Les participants ont posé des questions sur le risque de réduire la diversité génétique posée par la sélection génomique, les stratégies d’amélioration du développement du bois de cœur, le nombre optimal de clones permettant de préserver la résilience d’une plantation ou encore l’accès des petits producteurs à un matériel de plantation d’excellence. Mme Ramasamy a souligné que les outils génomiques devaient être utilisés de pair avec des stratégies visant à maintenir une diversité génétique étendue afin d’éviter d’accroître la vulnérabilité, préconisant d’utiliser entre 20 et 30 clones pour assurer à la fois productivité et résilience. M. Tangmitcharoen a pour sa part mis en avant l’importance d’avoir recours à des rotations plus longues et à des pratiques sylvicoles novatrices pour le développement du bois de cœur. Les conférenciers et d’autres spécialistes, dont Mme Doreen Goh, de Malaisie, ont appelé à renforcer la collaboration régionale par le biais de plateformes telles que l’OIBT, le Réseau international d’information sur le teck (TEAKNET) ou encore l’Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO).

Dans le cadre du projet OIBT-BMEL élargi, qui se poursuit jusqu’en 2026, le webinaire contribue à étoffer le corpus de connaissances et l’action collaborative en vue d’améliorer les moyens d’existence des petits producteurs, la qualité des essences et le respect des réglementations, et de promouvoir la gestion durable des plantations tropicales. La Directrice exécutive de l’OIBT, Sheam Satkuru, a réaffirmé l’engagement de l’Organisation à favoriser l’innovation et l’inclusivité dans le secteur forestier tropical. «Grâce à ces échanges de savoirs à l’échelon régional, l’OIBT continue à travers une collaboration étroite d’aider les pays du monde tropical en vue de produire en mode durable du bois de qualité qui réponde aux besoins et attentes du marché international», a-t-elle déclaré.