Les jeunes Japonais ont besoin des forêts tropicales

Le 5 novembre 2012

Des lycéens de l'établissement « Yokohama Science Frontier High School » (YSF) exécutent une danse traditionnelle lors de la séance d'ouverture. Photo: K. Sato/OIBT

Afin de commémorer l'entrée en vigueur du nouvel Accord international sur les bois tropicaux (AIBT 2006), l'ouverture de la 48e session du Conseil international des bois tropicaux (CIBT) ce lundi 5 novembre dernier a été précédée d'un colloque sur le thème : « Recrudescence d'opportunités et de défis pour l'avenir des forêts tropicales », auquel ont participé des visiteurs et délégations de plus de cinquante pays. Le Conseil se réunit cette semaine pour la première fois depuis l’entrée en vigueur de cet important traité, il y a de cela presque une année. Ce colloque a été organisé afin de sensibiliser le public japonais à l’important potentiel que représente l’AIBT de 2006 s’agissant de sauver les forêts tropicales et la valeur extraordinaire que recèlent ces ressources forestières pour l’humanité.

Lors de l’ouverture de cette manifestation, le Directeur exécutif de l’OIBT, M. Emmanuel Ze Meka, a expliqué les questions importantes que traitera l’OIBT dans le cadre de l’AIBT de 2006 – par exemple, renforcer les travaux sur la conservation de la biodiversité dans les forêts tropicales et encourager le rôle des forêts tropicales dans la lutte contre les changements climatiques. Un panel d’orateurs distingués a pris la parole à ce colloque.  L’Ambassadeur du Japon pour les affaires environnementales internationales, Masahiko Horie, a mis en avant l’importance des forêts tropicales dans l’environnement mondial et le soutien de son pays à l’OIBT dans sa mission destinée à conserver et pérenniser ces forêts. Le Ministre camerounais de la foresterie et de la faune, M. Philip Ngole Ngwese, a souligné l’importance des forêts africaines dans la fourniture de services environnementaux tels que la conservation de la biodiversité et la séquestration du carbone, et a appelé le marché international à rémunérer ces services d’une manière équitable. M. Viana a passé en revue les avancées du Brésil en matière de réduction de la déforestation et d’amélioration de la gestion des forêts, reconnaissant l’aide de l’OIBT au Brésil et à l’État d’Acre en particulier, où ce sénateur est né. Le Ministre principal du Sarawak, M. Taib bin Mahmud, a mis l’accent sur les changements intervenus dans les politiques de gestion des forêts depuis la mission déterminante de l’OIBT en 1989, en mentionnant également les défis liés à la réalisation de la gestion durable des forêts. 

L’un des points forts de ce colloque fut une performance donnée par des lycéens de l’établissement « Yokohama Science Frontier High School » (YSF).  Au cri de « Kamae! » – un terme japonais utilisé dans les arts martiaux et le théâtre traditionnel qui signifie « En position ! » -  les étudiants ont donné en ouverture une représentation de « Soran Bushi », une danse traditionnelle chantée très populaire chez les pêcheurs du nord du Japon il y a une centaine d’années qui est souvent exécutée à Yokohama lors de festivals. Cette danse a rappelé à tous les spectateurs la signification historique de Yokohama en tant que ville portuaire.
 
« Nous, Japonais, avons pour tradition de remercier l’océan pour ses richesses ». Les richesses de l’océan sont liées aux richesses de la forêt. Vivant à Yokohama, au cœur de la ville, nous avons tendance à oublier les effets de la forêt sur notre vie quotidienne. Nous ne devons pas les oublier. Le moment est maintenant venu pour nous de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour protéger les forêts chez nous, mais aussi dans le reste du monde car, comme nous le savons, les systèmes de la Terre sont intimement corrélés », a déclaré la lycéenne Yuko Inoue.
 
Après ce spectacle, les lycéens ont présenté l’YSF, qui jouit au Japon d’un statut spécial en tant que lycée public financé par une municipalité mettant l’accent sur l’enseignement scientifique et les technologies avancées. L’YSF a établi des affiliations avec des universités, institutions et entreprises afin d’encourager la collaboration avec les scientifiques et universitaires. Au début de l’année, l’OIBT a amorcé une série de réunions de partage d’informations avec les lycéens de première année qui appartiennent au club social d’entrepreneuriat de la « Yokohama Science Frontier High School », ce qui les a incités à s’intéresser et à participer aux travaux de l’Organisation.
 
La lycéenne Haruka Shiroi a rappelé qu’elle et ses camarades avaient « découvert [les questions liées aux forêts tropicales] dans le cadre de nos études indépendantes que nous avons commencées l’été dernier, après notre première réunion à l’OIBT où nous avions discuté des thèmes et problèmes touchant les forêts tropicales. » Ils se sont penchés sur divers sujets relevant des forêts tropicales en Afrique, en Amérique latine, en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique, dont la foresterie communautaire, la gestion durable des forêts (GDF), l’application de la législation et la gouvernance liées aux forêts et la biodiversité forestière. Les étudiants ont également étudié les forêts japonaises afin d’arriver à saisir les différences et similarités entre les forêts tropicales et tempérées. Les travaux de l’OIBT destinés à aider à conserver la région forestière transfrontière du Triangle d’émeraude partagée entre la le Cambodge, le Laos et la Thaïlande ont constitué un pôle important de leurs études. Une autre lycéenne de l’YSF, Mihoko Harada, a observé: « Il n’y a pas de forêts naturelles aussi complexes et riches au Japon.  Étant donné que nous ne grandissons pas dans la richesse d’un tel environnement naturel, nous ne saisissons pas la pleine importance de cette ressource. Il nous faut aussi imaginer les problèmes qui peuvent se poser lorsque des pays et des populations ont des frontières terrestres [puisque le Japon n’en a pas]. »
 
Les étudiants de l’YSF ont également pu perfectionner leurs connaissances sur les forêts tropicales à la « Yokohama Kokusai Festa », une manifestation annuelle de communication grand public qui, destinée à encourager les échanges culturels et une meilleure compréhension des questions internationales, s’est tenue en octobre 2012. Au stand de l’OIBT, devant des milliers de visiteurs, les étudiants ont présenté par le biais du « kami-shibai » - l’art traditionnel japonais de raconter des histoires en les accompagnant d’illustrations généralement confectionnées à la main -, des projets de l’OIBT qui sont menés dans le monde. Lors du colloque ils ont confié que cette expérience leur avait révélé que la plupart des Japonais ne connaissaient guère les forêts et les problèmes qui y sont liés et n’y étaient pas sensibilisés. Mme Inoue a donné son point de vue en ajoutant: « Bien que nous vivions en ville, comme nous l’avons découvert ces deux derniers mois, nos environnements [et] nos vies sont inextricablement mêlées aux forêts. La forêt joue un rôle significatif dans nos vies, par conséquent, nous devons faire ce que nous pouvons pour les pérenniser. »
 
L’OIBT a ouvert la voie à des avancées dans les politiques destinées à améliorer la gestion des forêts tropicales et a conduit des travaux importants pour les mettre en œuvre sur le terrain.  À cet égard, l’OIBT reconnaît le rôle que joue la « Yokohama Science Frontier High School » en formant une nouvelle génération d’étudiants japonais qui deviendront des scientifiques et professionnels éthiques, compétents et visionnaires promis à des carrières internationales, et dont certains, nous l’espérons, feront progresser la cause des forêts tropicales. L’Organisation est à la recherche de financements pour poursuivre la mise en œuvre de son Programme de sensibilisation environnementale pour les enfants, qui aidera à motiver les jeunes au Japon et ailleurs à s’intéresser, comme les étudiants de l’YSF, aux questions relevant des forêts tropicales. Le lycéen Masaya Sakamoto a reflété cette ambition dans ses remarques de clôture du colloque: « Comme nous l’avons fait à la Yokohama Festa, nous allons continuer à propager des informations sur la forêt et son importance auprès des gens que nous rencontrons et allons encourager les jeunes générations—plus jeunes que nous—à s’impliquer. »
 
 
Pour lire l’article sur le colloque de l’OIBT « Recrudescence d’opportunités et de défis pour l’avenir des forêts tropicales » publié le 6 novembre 2012 dans le journal Sankei Shimbun, prière de consulter: http://sankei.jp.msn.com/region/news/121105/kng12110521010008-n1.htm