Webinaire OIBT: production de teck de qualité et meilleures pratiques sylvicoles au Brésil et en Indonésie

2 septembre 2025, Yokohama

Des grumes de teck en attente d’une transformation plus poussée dans un parc en Indonésie. © OIBT

Lorsqu’elles sont gérées suivant les meilleures pratiques sylvicoles, les plantations de teck peuvent faire la démonstration des avantages d’une gestion forestière durable. Pour produire des produits du teck de qualité tout en assurant la gestion durable des ressources forestières, il est donc essentiel d’avoir recours à des pratiques sylvicoles de pointe et à l’amélioration génétique. 

Lors de ce dernier webinaire de la série de OIBT-BMEL, on a ainsi exploré les innovations, technologies et améliorations de la qualité du bois en vue de produire du teck de source durable. Il était organisé dans le cadre d’un projet de l’OIBT visant à promouvoir la production de teck de qualité dans les plantations appartenant à des petits producteurs ou des communautés.

Ce webinaire organisé le 20 août dernier a accueilli deux éminents spécialistes dans le domaine des meilleures pratiques en matière de production de teck de qualité.

Mudji Susanto, du Centre de recherche de botanique appliquée rattaché à l’Agence nationale de la recherche et de l’innovation en Indonésie et Fausto Hissashi Takizawa de l’entreprise brésilienne Teak Resources Company (TRC) ont ainsi échangé sur divers sujets, dont le rôle de l’innovation, de l’amélioration génétique et de la gestion durable des terres pour faire du teck une ressource en mesure de satisfaire la demande du marché mondial, mais aussi de contribuer à l’atténuation du changement climatique, à la conservation de la biodiversité et au développement rural.

Améliorer la qualité du bois de teck: l’éclairage de l’Indonésie

Production de teck en Indonésie. © Ramon Carrillo/OIBT

L’Indonésie a une longue tradition de la gestion du teck, ainsi qu’en témoignent ses programmes destinés à améliorer la production qu’elle intensifie progressivement depuis les années 80.

Dans sa présentation, M. Mudji a traité des avancées de son pays en matière d’amélioration de la qualité du bois de teck, évoquant aussi bien les techniques de multiplication conventionnelles que moléculaires, les tests de progénie, la multiplication clonale, la multiplication par mutation ou encore l’édition génomique. Il a observé qu’il s’agissait de stratégies visant à améliorer la qualité du bois, les taux de croissance et la résistance aux maladies tout en contribuant à la gestion et à la restauration des forêts et plantations de teck. 

Le teck joue pour l’Indonésie, que ce soit d’un point de vue environnemental ou économique, un rôle majeur a dit M. Mudji, mettant en avant le fait que «les forêts peuvent contribuer à un environnement sain, tout particulièrement lorsqu’elles sont gérées en mode durable. Le teck, en particulier dans ses forêts indigènes, (permettant) de capter le carbone et de le stocker.»

M. Mudji a par ailleurs expliqué comment le développement et l’utilisation de méthodes non destructives servant à évaluer la densité d’un bois, sa dureté et sa durabilité ont permis de rendre plus efficaces leurs programmes de multiplication et d’accélérer les gains génétiques, permettant en retour de produire un teck de meilleure qualité.

M. Mudji a ainsi montré comment, en associant avancées scientifiques et participation des communautés, l’exemple de l’Indonésie illustrait le fait que la sylviculture de plantation était en mesure de concourir aussi bien à la résilience écologique qu’aux moyens d’existence en milieu rural. Intégrer agroforesterie et pratiques sylvicoles chez les petits producteurs prouve comment il est possible de concilier culture du teck, sécurité alimentaire et objectifs de développement durable. 

Perspective du secteur privé brésilien: l’importance de l’innovation

Une plantation de teck de dix ans d’âge au Kerala (Inde). © P. Thulasidas

Dans sa présentation, M. Takizawa a parlé de l’expérience de son entreprise TRC, premier producteur privé de teck au monde, qui gère plus de 40 000 hectares de plantations de teck. Il a décrit comment TRC intégrait technologies, partenariats et respect des législations pour faire progresser la production d’un teck de qualité. 

M. Takizawa a fait écho aux préconisations de M. Mudji concernant le recours aux technologies de l’amélioration génétique et de la sylviculture clonale en vue de renforcer la qualité du bois tout en respectant les normes s’appliquant aux chaînes d’approvisionnement légales et durables. Il a décrit les avantages d’intégrer l’exploitation des données à la transformation du bois et à la prise de décisions en matière de planification et gestion des utilisations des terres. 

Selon M. Takizawa, «l’avenir de l’expansion du teck reposera sur la durabilité et l’innovation. En appliquant les meilleures pratiques sylvicoles, nous créons de la valeur de long terme pour les investisseurs, les producteurs, les marchés et la société.»

M. Takizawa a décrit comment ces priorités étaient prises en compte dans un aspect distinctif du modèle commercial de TRC, à savoir un modèle intégrant bétail et forêt qui associe plantations de teck et élevage. Grâce à des partenariats avec des éleveurs, cette approche permet de mettre en place des régimes sylvopastoraux pour mettre en place un modèle de partage des revenus. Ce dispositif, qui permet en outre de restaurer des pâturages dégradés et de diversifier les sources de revenus des communautés locales, est un modèle potentiel pour les propriétaires fonciers de communautés d’autres juridictions. 

La conformité aux normes internationales telles que les exigences du Règlement sur la déforestation de l’Union européenne (RDUE) ou la certification par le Conseil de bonne gestion forestière (FSC) a également été présentée comme s’agissant d’une opportunité pour les producteurs d’assurer leur crédibilité et leur accès au marché tout en renforçant la traçabilité du bois.

Ainsi que l’a déclaré M. Takizawa pour conclure son propos: «des forêts de teck intelligentes (associées) à la certification, aux technologies et à la responsabilité sociale… permettent d’assurer, pour tous les acteurs en jeu, non seulement leur compétitivité, mais aussi la résilience et la création de valeur de long terme.»

Partager les meilleures pratiques au service de l’innovation

Des plants de teck faisant l’objet de tests clonaux sont examinées à la Station de recherche sylvicole Maegar à Phayao (Thaïlande). © OIBT

Les deux conférenciers ont insisté sur l’importance de faire usage des innovations et des nouvelles technologies, notamment en matière d’amélioration génétique, pour être en mesure de produire un teck de qualité. 

«Innovation et technologies sont des facteurs cruciaux de la durabilité et de la compétitivité des producteurs de bois tropicaux. Les avancées en matière de foresterie clonale, de génomique et de sylviculture sont des vecteurs essentiels de l’efficience et de la transparence des chaînes d’approvisionnement pour les petits producteurs et sylviculteurs communautaires de teck et autres essences précieuses», a observé la Directrice exécutive de l’OIBT, Sheam Satkuru. «Il est essentiel de poursuivre sans relâche l’innovation, la collaboration internationale et l’engagement envers des chaînes d’approvisionnement légales et pour promouvoir la vision d’une production de teck qui soit porteuse d’avantages écologiques, économiques et socioculturels.»

La série de webinaires de l’OIBT est une plateforme internationale de partage de connaissances qui accompagne les petits producteurs et les sylviculteurs communautaires en vue d’améliorer leurs moyens d’existence et les retombées environnementales, notamment concernant la diffusion des meilleures pratiques liées au matériel végétal amélioré, à la formation technique et l’accès au marché. 

Ce projet de l’OIBT destiné à aider la sylviculture de petite production et communautaire grâce à de meilleures méthodes de production de teck est mis en œuvre en partenariat avec le concours du Ministère allemand de l’alimentation, de l’agriculture et de l’identité régionale (BMLEH) dans six pays de l’Asie-Pacifique et de l’Afrique: Cambodge, Inde, Indonésie, Thaïlande, Togo et Viet Nam.

Ce webinaire était le quatrième de la série de douze qui sont programmés afin d’offrir une plateforme collaborative d’apprentissage au sein des petits producteurs, des autorités forestières et des partenaires universitaires, ce dans le but de renforcer la production de teck et d’autres essences à bois précieuses. Au cours des prochains webinaires seront abordés divers sujets: lutte contre les nuisibles et maladies, gestion des incendies, certification, légalité ou encore rôle de la finance carbone et autres incitations.